Notre évaluation des engagements pris par les candidat.e.s.
Parce que les Régions disposent de leviers d’action pertinents, notre collectif d’associations (Alternatiba Nantes, Attac 44 et Greenpeace Nantes, avec le soutien de la Coordination Agrobiologique des Pays de la Loire, GAB 44, Greenpeace Angers, Oui au train de nuit PdL, Virage Energie Climat Pdl, Youth For Climate Angers, Zero Waste Nantes) a décidé d’être force de propositions auprès des listes candidates aux élections en Pays de la Loire. Nous nous sommes appuyées sur 15 mesures prioritaires identifiées par le Réseau Action Climat, touchant plusieurs domaines de compétence régionale, tels que l’agriculture et l’alimentation, l’énergie, le transport ou le bâtiment…
Aujourd’hui, après avoir transmis ces propositions aux candidat-e-s et après entretien avec certains d’entre eux, nous présentons notre décryptage du projet porté par chacune des listes engagées dans ces élections en Pays de la Loire. Pour chaque mesure, nous avons évalué le degré d’engagement de chacune des listes concernées, à l’aide de trois couleurs :
- Vert : engagement complet sur les demandes ou autre proposition aussi satisfaisante.
- Orange : respect insatisfaisant des demandes mais une volonté visible de s’engager.
- Rouge : absence ou refus d’engagement.
Pourquoi cette démarche ?
L’urgence climatique n’est pas qu’une formule, un mot en l’air. Les futur.e.s élu.e.s, quelle que soit leur étiquette, vont s’engager dans un mandat décisif pour le climat. Le temps des demi-mesures, des orientations floues qui ne conduisent nulle part, comme celui d’un statu quo mortifère, est terminé.
Dans ce contexte, les citoyen.ne.s ont toute légitimé à interpeller celles et ceux qui briguent leur voix. Agir pour le climat doit devenir la matrice de l’action entreprise par le Conseil Régional dans tous ses domaines de compétence, afin de réduire nos émissions de GES (gaz à effet de serre) de 55% d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050.(pour espérer rester sous la barre des + 2° et éviter un risque d’emballement climatique)
Notre méthodologie (basée sur le principe du dialogue) :
- Publication de la plaquette “ 15 mesures indispensables pour le climat en Pays de la Loire ” et envoi de la grille de demande d’engagement aux listes candidates.
- Lecture des grilles d’évaluation renvoyées par les listes et si possible entretiens individuels avec des représentant·e.s de chaque liste ;
- Lecture des programmes pour compléter les réponses, si besoin. ;
- Afin d’aboutir à une évaluation des engagements par thématique, nous avons fait une moyenne non pondérée des engagements pour chaque mesure de la thématique.
Nous avons tenu compte des contre-propositions dans le cas où elles étaient équivalentes aux mesures que nous proposions, ou satisfaisantes et crédibles au regard des objectifs.
Cette évaluation ne vaut pas appel à vote et notre démarche est apartisane.. Il s’agit d’abord d’un outil pour éclairer les habitant-e-s de la région sur les engagements réels des différentes candidatures.
N.B : Précisons que les listes de Lutte Ouvrière, du Rassemblement National et “Un Nôtre Monde” n’ont pas été évaluées. Elles ont bien été contactées et ont accusé réception de notre demande mais sans y donner suite. C’est aussi le cas des listes menées par Christelle Morançais et François de Rugy. Nous avons décidé d’évaluer tout de même leurs programmes pour les raisons suivantes : nous ne voulions pas écarter le projet porté par l’actuelle présidente de la Région ni celui du candidat de la majorité présidentielle, figure locale connue, ancien ministre de la transition écologique
Synthèse de notre décryptage
Les réponses apportées à notre grille par la liste menée par Cécile Bayle de Jessé, ancienne Conseillère régionale, obtiennent une évaluation relativement favorable au premier abord. Pourtant elles ne sont pas parvenues pas à effacer nos doutes. En effet, la liste s’est engagée à respecter l’objectif fixé par l’Union européenne de réduction des GES de 55% à l’horizon 2050. Cet engagement paraît pourtant peu crédible au regard des mesures affichées par la liste en matière de sobriété énergétique, de transformation de la mobilité et de mix énergétique. Enfin, la majeure partie des mesures que la liste prétend soutenir dans notre grille, ne figurent absolument pas dans son programme, même sous une formulation ou une présentation différente.
La liste menée le député François De Rugy, ancien ministre à la transition écologique et solidaire de septembre 2018 à juillet 2019, n’a pas non plus rempli notre grille. Nous avons donc basé notre évaluation sur les orientations affichées dans son site internet sous forme de vidéos ou via ses tracts et flyers. Le programme n’a été dévoilé que ce lundi 14 juin. L’absence quasi-totale de mesures précises et d’objectifs clairs de la part de cette liste, ne nous permet pas d’identifier de propositions suffisamment définies ou cohérentes qui les rendraient aptes à répondre aux objectifs de l’Accord de Paris ou à ceux fixés par l’Union Européenne. Nous pensons même que certaines prises de position de cette liste vont à l’encontre du climat. Ainsi, le développement de la 5G est présenté comme une solution pour le climat,, contrairement aux conclusions du rapport rendu par le Haut Conseil pour le climat, organisme public créé par le gouvernement pour l’éclairer sur les enjeux climatiques.
Guillaume Garot, député et ancien ministre à l’agroalimentaire entre 2012 & 2014, a rempli notre grille d’évaluation et a accepté notre demande d’entretien complémentaire. Ces deux étapes, suivies par notre examen du programme, nous amènent à estimer que le projet peut atteindre l’objectif de réduction de 55% des G.E.S d’ici à 2030. Cependant un certain nombre de mesures sont plus de l’ordre de l’incitation que du changement de cap. Nous notons par exemple une ambition limitée sur le développement de l’alimentation bio dans la restauration scolaire ou la volonté de développer des alternatives végétariennes pourtant souhaitables au plan climatique. Il en va de même avec les orientations envisagées à propos des extensions d’élevage industriel : plutôt que la suppression des aides Feader et des subventions régionales, le candidat évoque le plafonnement de ces aides financières à des projets dont l’impact climatique est pourtant significatif. Nous notons aussi que malgré la volonté d’offrir un service ferroviaire de qualité sur tout le territoire, la liste ne s’engage pas sur la fin des financements de nouvelles infrastructures routières. Nous soulignons en revanche la volonté d’aller vers un mix énergétique à 100% d’origine renouvelable à l’horizon 2050.
En l’absence de réponse à notre grille par la liste de l’actuelle présidente du conseil régional, Christelle Morançais, nous nous sommes appuyés sur les mesures présentes dans son programme. Si la candidate affirme vouloir relever les défis écologiques, ses propositions restent à mi-chemin. Elle n’affiche aucune mesure de sobriété énergétique ni aucune ambition chiffrée sur la diminution des émissions de G.E.S.. Le programme indique notamment vouloir la ” réduction des émissions de CO² ” en agriculture biologique. Pourquoi ne pas englober le méthane et l’azote qui constituent la majorité des émissions de GES du secteur agricole ? Pourquoi cantonner cette mesure à la seule agriculture bio qui ne représente aujourd’hui que 10% des surfaces agricoles de la région ? En outre, l’objectif de 20% sur la part de bio dans l’alimentation des lycées se révèle modeste puisqu’il ne correspond qu’à l’obligation légale définie par la loi Egalim pour la restauration collective. Enfin, aucune mesure apparente n’encourage la mobilisation citoyenne sur les grands enjeux du territoire, au plan climatique et environnemental.
La liste conduite par Matthieu Orphelin, député du Maine-Loire, place plusieurs engagements au cœur de son programme, qui convergent avec les mesures que nous avons proposées aux candidat.e.s. Elle affirme sa volonté de dépasser à l’échelle régionale, l’objectif défini par l’UE, en visant non pas 55% mais 60% de réduction des émissions de G.E.S d’ici à 2030. Un entretien complémentaire nous a permis d’éclaircir quelques unes des réponses transmises via notre grille, par exemple au sujet des financements de projets néfastes pour le climat : la liste de M. Orphelin, tout en souhaitant davantage d’équilibre territorial dans l’accès au numérique, affirme ne pas envisager d’aide régionale à tout projet lié à la 5G..Nous voulions nous assurer aussi que l’objectif affiché d’atteindre 50% de bio dans les cantines de lycées correspondait bel et bien à de l’alimentation à la fois bio et locale, comme nous le proposions. Nous notons enfin qu’ il s’agit de la seule liste aux Régionales, à exprimer dans notre grille son opposition à l’extension du principal aéroport régional, en proposant un moratoire sur ce projet.
Pour plus de détails, consultez le tableau récapitulatif des réponses fournies par les listes ou des engagements figurant dans leurs programmes :
Nous espérons maintenir le dialogue déjà engagé avec les futur.e.s élu.e.s afin d’amorcer une véritable métamorphose des Pays de la Loire, en commençant par la refonte du SRADDET qui sera remis en discussion à l’automne. Celui-ci ne définit toujours pas de trajectoire claire à l’horizon 2030 et manque de mesures fortes pour répondre à l’urgence climatique.
Je salue le travail réalisé ! Félicitations à vous pour le temps et l’énergie passée sur ce sujet. Pour petit ajout dans l’article, Zero Waste Nantes fait également parti des soutiens. 😉
Merci Gautier et désolé pour cet oubli, désormais rectifié !