L’équipe du Livre Blanc pour le climat présente les engagements climat pris par les listes candidates aux élections municipales à Nantes. 35 mesures issues du Livre Blanc ont été soumises aux listes qui se présentent aux élections municipales à Nantes. L’analyse porte sur les cinq listes qui ont répondu et que nous avons rencontrées pour mieux comprendre l’approche que chacune d’entre elles a des enjeux climatiques.
En réponse à l’urgence climatique et à l’alerte du GIEC, 19 associations de la Métropole nantaise se sont réunies pour définir les objectifs à adopter localement avant 2030 pour respecter la trajectoire de +1,5°C de réchauffement climatique à l’horizon 2100. Ainsi 27 volets de mesures prioritaires ont été identifiés et regroupés dans le Livre Blanc pour le Climat – Trajectoire pour Nantes Métropole 2020/2030 autour de 9 domaines : l’aménagement du territoire, l’habitat et le tertiaire, la mobilité, l’agriculture/alimentation, l’énergie, les déchets, l’économie, la consommation et la citoyenneté/éducation.
Le temps presse, les futurs élu∙es auront la responsabilité d’assumer un mandat local sur la période 2020-2026. Cette période est décisive sur le plan climatique, car, d’une part, si au moins les mesures du Livre Blanc ne sont pas prises, il ne sera pas possible de rester sous les 1,5 °C de réchauffement climatique et, d’autre part, si elles ne sont pas enclenchées d’ici la fin du mandat, il ne sera vraisemblablement pas possible non plus de rester sous les 2 °C de réchauffement climatique.
Évaluation des engagements
35 mesures concrètes ont été extraites de ce Livre Blanc et soumises à toutes les listes qui se présentent à Nantes afin d’évaluer leurs ambitions pour lutter contre le dérèglement climatique. Cinq candidat∙es sur les 9 sollicité∙es ont répondu : Laurence Garnier, Julie Laernoes, Margot Medkour, Valérie Oppelt et Johanna Rolland. Chaque réponse à été complétée par un entretien avec des membres de la liste.
Pour chaque mesure, le collectif a évalué le degré d’engagement de la liste à l’aide de quatre couleurs :
Vert : engagement complet sur les demandes ou autre proposition aussi satisfaisante.
Jaune : respect de la plupart des demandes ou volonté manifeste de s’engager.
Orange : respect insatisfaisant des demandes, le plus gros reste à être engagé.
Rouge : absence ou refus d’engagement.
L’objectif de ce travail est de pousser les différentes listes à réellement intégrer les questions climatiques dans leurs programmes et à transcrire concrètement les objectifs de l’Accord de Paris dans les politiques et projets des villes de notre métropole. Le collectif porteur du Livre Blanc veillera à la mise en œuvre effective de mesures concrètes par l’équipe qui sera élue pour ce dernier mandat pour le climat.
Précision méthodologique (mise à jour du 9 mars 2020)
Il est nécessaire de préciser que notre démarche est absolument apartisane et ne constitue en rien un appel au vote. Dans un souci d’objectivité, les membres de notre collectif ayant participé à l’évaluation ne sont pas engagés sur une liste candidate.
Cette évaluation ne porte pas sur les programmes des candidat·es dans leur globalité, mais uniquement sur les engagements demandés dans notre grille d’évaluation et renvoyant au Livre Blanc pour le Climat mis à leur disposition.
Afin de clarifier notre méthodologie, précisons que notre analyse s’est faite en plusieurs étapes, sur le principe du dialogue :
1. Publication du Livre Blanc pour le Climat et envoi de la grille de demande d’engagement aux différentes listes candidates à Nantes ;
2. Lecture des grilles d’évaluation renvoyées par les listes ;
3. Entretiens individuels avec des représentant·es de chaque liste pour clarifier les mesures proposées par notre grille d’évaluation et/ou leurs réponses ;
4. Lecture des programmes pour compléter les réponses, si besoin.
5. Pour obtenir une évaluation des engagements par thématique, nous avons fait une moyenne non pondérée des engagements pour chaque mesure de la thématique.
Nous n’avons pas évalué la liste sortante en fonction des résultats du mandat en cours.
Nous avons dû ajuster l’engagement annoncé (oui/non) en fonction des différents éléments de réponse apportés par les candidat·es.
Nous avons tenu compte des contre-propositions dans le cas où elles étaient équivalentes aux mesures que nous proposions, ou satisfaisantes et crédibles au regard des objectifs.
De même, nous avons considéré positivement les réponses comportant un engagement ferme ; les réponses vagues de type “à étudier” ont été considérées comme insuffisantes.
Enfin, par souci de transparence, nous avons publié en-dessous des synthèses de chaque liste les grilles d’évaluation complétées par les listes candidates, préalablement averties.
Cette évaluation ne vaut pas appel à vote. Elle se veut un outil pour éclairer sur les engagements réels des différentes candidatures, dans un contexte où une majorité de citoyen·nes et de candidat·es déclarent désormais leur préoccupation de l’urgence climatique.
Synthèse des réponses
Points communs
Toutes les listes annoncent leur volonté de s’emparer des questions climatiques et convergent sur certains points.
Sur la question de la mobilité, toutes sont d’accord pour dire que le vélo et la marche à pied doivent devenir prioritaires et sécurisés dans l’espace public, créer des routes express à vélo entre toutes les villes de la métropole ; que la part des transports en commun doit doubler notamment en augmentant les plages horaires et les fréquences, en développant un réseau en toile d’araignée et en créant une étoile ferroviaire nantaise (du type du RER).
Toutes les listes mettent également en avant le rééquilibrage du territoire, entre les quartiers et les villes de la métropole afin de garantir que chaque habitant des communes de la métropole ait accès aux services de base près de chez lui (transport en commun, santé, éducation, emploi, espace de coworking…). Elles affichent toutes un soutien au commerce de proximité et une opposition au développement des grandes surfaces et centres commerciaux.
Enfin elles s’engagent toutes vers le zéro phyto et à soutenir les associations, collectifs, habitants qui souhaitent végétaliser l’espace public.
Par transparence, nous publions les réponses telles qu’elles nous ont été transmises, suite à notre synthèse par liste.
Laurence Garnier – Mieux Vivre à Nantes (LR)
Laurence Garnier déclare vouloir placer l’écologie au centre des politiques publiques en transformant Nantes et son bassin de vie en Naturopole. Néanmoins elle n’affiche aucune ambition chiffrée sur la diminution des émissions de GES. Au sujet de la mobilité, la candidate propose un plan vélo ambitieux et se prononce pour la mise en place d’un réseau de transports en toile d’araignée sans pour autant s’engager sur un déploiement avant la fin du mandat. De plus, sur la question des infrastructures de transport (aéroport, routes et parkings en ville), la liste défend une position qui va à l’encontre du climat.
Laurence Garnier porte aussi un projet écologique ambitieux sur les nouvelles constructions de logements mais manque d’ambition et de plan structurant sur la rénovation des logements et des bâtiments publics.
Des lacunes sont aussi présentes sur la question des énergies renouvelables ou le développement d’une alimentation biologique et rémunératrice pour les agriculteurs. Enfin, la candidate ne s’engage pas sur l’implication citoyenne sur ces questions, notamment en ne souhaitant pas créer un conseil de citoyens indépendant chargé de veiller au suivi de l’ensemble des politiques publiques.
Julie Laernoes – Nantes Ensemble (EELV, GE)
Le climat et les problématiques environnementales constituent le socle de leur programme et de leurs engagements. La liste menée par Julie Laernoes s’engage à respecter les objectifs de l’Accord de Paris. Pour cela, elle a réalisé un scénario climatique basé sur une trajectoire 1,5 °C.
Sur toutes les thématiques, Julie Laernoes présente un programme ambitieux et très détaillé. Sur le plan de la mobilité, elle s’engage à favoriser massivement les mobilités douces et a développé l’idée d’un “Train express du quotidien” s’insérant dans un plan de transports en commun en toile d’araignée.
Sur le plan de l’alimentation, la candidate prévoit la mise en place d’une coopérative alimentaire, l’aide financière à l’installation des agriculteurs et le 100% bio et local dans les cantines scolaires et collectives. Enfin, un Centre d’Action Climatique Citoyen est envisagé comme lieu de création des alternatives de demain et d’analyse des projets de la ville au regard de l’urgence climatique, avec droit d’interpellation des élu∙es.
Margot Medkour – Nantes en Commun (soutenue par LFI)
Le climat et les problématiques environnementales constituent le socle du programme de Nantes en Commun. Cependant Margot Medkour ne s’engage pas à suivre une trajectoire spécifique en matière de diminution des émissions de GES.
Son programme est basé sur l’écologie populaire, une écologie “qui donne à tou∙tes et dans tous les quartiers“ les moyens d’agir et de vivre de façon sobre, résiliente et respectueuse du vivant. Il s’inspire notamment de modèles comme les îlots urbains de Barcelone où la circulation dans les quartiers est réservée aux riverain∙es et aux mobilités douces. Les solutions ne sont pas figées car elles seront construites avec les habitant∙es.
Si certaines mesures mériteraient d’être développées, la volonté reste présente et Margot Medkour veut utiliser tous les leviers à sa disposition dont l’entraide, le partage et l’action municipale pour lutter contre le réchauffement climatique, la perte de biodiversité et l’injustice climatique.
Valérie Oppelt – Nantes Avec Vous (LREM-PE-Modem)
Si la transformation écologique est affichée dans son programme, celui-ci manque de détails sur de nombreuses thématiques concernant sa mise en place.
Valérie Oppelt veut s’aligner sur les engagements pris par la France lors de la COP21, -40 % d’émission de GES en 2030. Cet engagement est trop faible pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C, il correspond à une trajectoire de +3 °C (scénario optimiste).
Pour tenir les objectifs, cette liste propose notamment de piloter la ville avec un budget carbone en créant un compte carbone pour chaque Nantais∙e. Un conseil nantais de la transition écologique est prévu pour impliquer les citoyen∙nes, en particulier les jeunes, dans les décisions concernant la lutte contre le changement climatique et la défense de la biodiversité.
La candidate propose un grand projet de développement des transports en commun et de la mobilité douce ; mais la multiplication de projets non étudiés ne plaide pas en sa faveur (pont transbordeur, métro aérien). Enfin, le plan énergétique repose essentiellement sur les initiatives portées par les citoyen∙nes et collectifs, et mérite plus de détails et d’ambition.
Johanna Rolland – Nantes en Confiance (PS-G.s-PCF-UDB)
Johanna Rolland propose un programme assez complet sur de nombreuses thématiques afin de lutter contre le réchauffement climatique. L’objectif que se fixe la candidate pour respecter l‘Accord de Paris est une diminution de 50 % des GES d’ici à 2030, ce qui correspond à un réchauffement d’au moins 2 °C.
Un point fort de son programme consiste à penser l’aménagement de Nantes Métropole au-delà de son territoire en créant des coopérations territoriales. Cela éviterait de transférer les problèmes liés au réchauffement climatique au-delà de l’agglomération.
Johanna Rolland s’engage à faire de Nantes la “ville du quart d’heure“ (tous les services disponibles à 15 minutes de chez soi à pied, vélo ou transport en commun). L‘objectif de zéro artificialisation des sols ne serait respecté qu’à l’horizon 2030.
En matière d’habitat, la candidate propose de réhabiliter 5000 logements par an en rénovation énergétique, dont 2/3 en BBC.
Le plan pour une alimentation biologique, locale et plus végétale notamment dans les cantines scolaires et collectives manque d’ambition au regard des enjeux climatiques.
En matière de numérique et de publicité, ses engagements restent très faibles. Cette liste est la seule à ne pas s’engager à retirer les écrans de publicité numérique.
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